Hommage à Georges Latour
Site officiel dédié à l'œuvre de Georges Latour, illustrateur à La Presse — 1910 à 1946


Ronald King, journaliste à La Presse, et Georges Latour

André Rivest et son trésor

André Rivest est un collègue et copain de bureau, un graphiste et illustrateur de haut niveau - je ne le tète pas, tout le monde est d'accord là-dessus - et nous avons le même intérêt pour la brocante.
Dans la caverne d'Ali Baba qu'est le Marché aux puces Saint-Michel, André a découvert des illustrations oubliées de Georges Latour, employé de La Presse de 1910 à 1946, lorsqu'il est mort subitement à l'âge de 68 ans.
André a acheté tout le paquet. (J'ai déjà déniché, pour 2$, un chapelet basque en argent qui est un objet très particulier).
Muni de ses vieux dessins, André a ensuite laissé courir sa curiosité pour réaliser sur le web un travail unique, inclassable, hors catégorie. Le plus beau de l'affaire, c'est qu'il l'a fait par plaisir, pas pour l'argent ni pour plaire à des patrons.
Pour lui et pour ceux que ça pourrait intéresser. On y entre et plonge dans cet hommage à Georges Latour et dans le passé d'un petit trésor de l'histoire du Québec.
Babe Ruth et Howie Morenz
Le sport étant un domaine de prédilection des dessinateurs, Latour a beaucoup produit sur le hockey, le baseball des Royaux, la lutte, la boxe, le golf et autres sports de son époque. On y croise Babe Ruth et Lefty Grove, Johnny Gagnon et Howie Morenz, mais aussi Henri Cochet, tennisman.
Il traite également de mode, de scènes religieuses, de femmes sportives, de la guerre et du retour des soldats.
On se surprend parfois à fixer des scènes qui nous rappellent des souvenirs, à sourire de certaines curiosités, à rigoler de drôleries.
André souligne les influences de Latour sur les dessinateurs qui ont suivi. Les illustrateurs actuels se régaleront des réflexions sur le style, les innovations, les fantaisies. Un joueur de baseball devant un paysage de Toscane, ce n'était pas banal...
«Latour a tenté plusieurs expériences, il s'est souvent trompé, il a obtenu de mauvais résultats, parfois à cause du mélange de couleurs, mais il recommençait, explique André. C'était un journal, on se sert du papier pour se chauffer et on essaye autre chose le lendemain. C'était de l'art nouveau.
«Je ne connaissais pas Latour quand je suis entré au Marché aux puces, raconte André, mais j'ai appris par la suite qu'il était très recherché par des experts et des collectionneurs. Moi, je trouvais tout ça très beau, ça m'a accroché.
«Mais il n'y a rien sur le web, ni même à La Presse. J'ai dû consulter des historiens spécialisés. J'ai bizouné tout ça sur un très vieux logiciel dans mon sous-sol. Le résultat sent le vieux.
Monsieur Brodeur
«C'est par Latour que j'ai découvert Albert-Samuel Brodeur, son mentor. Celui-là avait un talent immense, alors que Latour était un bon dessinateur, poursuit Rivest.
«On ne pouvait pas reproduire des photos dans un journal à l'époque de Brodeur. Je parle des environs de 1890. Il illustrait tout ce qu'on lui demandait, à la main, avec son imagination.
«Un de ses dessins sur le naufrage du Titanic est fabuleux. On voit des gens accrochés à des glaciers. Pourtant, il n'avait rien vu de la scène. Tout ça sortait de sa tête. C'est hallucinant. Je prépare quelque chose sur lui.
«Brodeur a fait des milliers d'illustrations et, grâce à lui, La Presse de Trefflé Berthiaume est passée de 12000 lecteurs à 60000. La spécialité de La Presse du temps était ses illustrations.»
Comme l'histoire se répète, mes amis...
«Regarde les vieilles affiches sur les murs un peu partout dans l'édifice. Tu verras que c'est signé Brodeur. Je n'avais jamais remarqué avant de découvrir Latour...»
André raconte tout ça d'un ton fiévreux, évidemment. Il parle de sa passion. Il mentionne aussi qu'un petit-fils de Georges Latour, qui s'appelle Georges Latour, l'a contacté pour lui montrer quelques dessins et souvenirs de son grand-père. «Le monsieur est très fier de son ancêtre.»
Bon, assez bavardé. Allez voir vous-mêmes au www.georgeslatour.blogspot.com.